Migrants en Europe : quel pays les accueille le moins ?

En 2023, la Hongrie n’a accordé que 54 protections internationales, contre plus de 75 000 en Allemagne. La Bulgarie, la Slovaquie et la Lettonie affichent aussi des chiffres nettement inférieurs à la moyenne européenne, malgré une pression migratoire comparable à celle de nombreux autres pays membres.

L’écart entre les politiques d’accueil se creuse au sein de l’Union européenne, alors que certains États multiplient les restrictions administratives et législatives. Les données d’Eurostat mettent en évidence des disparités persistantes et parfois inattendues entre voisins, loin de toute harmonisation.

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Panorama de l’immigration en Europe : chiffres clés et tendances récentes

L’Europe reste traversée par les flux migratoires, avec des trajectoires qui dessinent un paysage complexe. Les chiffres publiés par Eurostat et le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés donnent la mesure du phénomène : près de 3 millions de migrants et de réfugiés sont arrivés dans l’Union européenne entre 2015 et 2022. Ce volume, révélateur d’une crise migratoire qui s’inscrit dans la durée, masque pourtant des écarts majeurs selon les pays. L’Allemagne concentre à elle seule près d’un tiers de toutes les demandes d’asile déposées sur le continent.

Les routes migratoires se diversifient. Le Bureau européen d’appui en matière d’asile relève que les primo-demandeurs venus de Syrie, d’Afghanistan ou du Venezuela restent nombreux, mais la part des ressortissants d’Afrique connaît une progression notable. L’arrivée massive d’Ukrainiens, conséquence directe de la guerre, a bouleversé les équilibres, mobilisant autant le Conseil de l’Union européenne que l’Organisation internationale pour les migrations.

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Quelques données permettent de cerner l’ampleur de ces évolutions :

  • Plus de 5 millions de ressortissants de pays tiers résident aussi dans l’UE.
  • En 2022, la France, l’Allemagne et l’Espagne ont reçu plus de 60 % des demandes d’asile.
  • Les politiques nationales, souvent restrictives, freinent la répartition équitable des flux.

La Commission européenne met en garde : les écarts se creusent entre États membres. Tandis que la Hongrie ou la Slovaquie se contentent d’accueillir un nombre infime de nouveaux arrivants, l’Italie et la Grèce continuent d’absorber une pression migratoire intense. Cette fragmentation pose une question de fond à l’Europe : comment répondre collectivement à des défis qui traversent les frontières ?

Quels pays de l’Union européenne accueillent le moins de migrants ?

Les relevés d’Eurostat et du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés révèlent des écarts saisissants. L’accueil des ressortissants de pays tiers diffère du tout au tout selon l’État membre. Si l’Allemagne, la France et l’Espagne se partagent la majorité des admissions, d’autres pays de l’Union européenne ferment la porte à une grande partie des nouveaux arrivants.

Regard sur la situation : en Hongrie, moins de 50 personnes voient leur demande de protection internationale acceptée chaque année, selon Eurostat (2022). La Slovaquie suit le même mouvement, où les procédures d’asile restent rarissimes et la présence de migrants se fait à peine sentir. Côté Pologne, l’accueil massif des Ukrainiens relève d’un dispositif temporaire ; pour le reste du monde, les portes restent pratiquement closes.

Voici quelques pays où l’accueil reste marginal, année après année :

  • La Lettonie et l’Estonie n’attribuent que quelques dizaines de titres de séjour annuels à des demandeurs venus d’Afrique ou du Moyen-Orient.
  • Le Portugal et le Luxembourg se montrent un peu plus ouverts, mais demeurent très loin derrière les poids lourds de l’ouest européen.

Dans ces pays de l’Union, la part des migrants acceptés reste minime. L’écart se creuse avec les pays du sud, confrontés à une arrivée continue sans redistribution équitable. Ces choix nationaux ne sont pas neutres : ils redessinent la carte humaine de l’Europe et attisent les débats sur la solidarité au sein de l’Union.

La France dans le paysage migratoire européen : comparaison et spécificités

La France occupe une position particulière dans le tableau migratoire européen. D’après les dernières données d’Eurostat, le pays figure parmi les principaux pays d’accueil de l’Union européenne : derrière l’Allemagne, mais devant l’Espagne et l’Italie en ce qui concerne le nombre de demandeurs d’asile enregistrés. Pourtant, la dynamique française ne ressemble à aucune autre, tant par l’origine des migrants que par la gestion administrative.

En 2022, plus de 130 000 primo-demandeurs d’asile ont été enregistrés dans l’Hexagone. Ce volume propulse la France en deuxième position sur le continent, loin devant la plupart de ses voisins. Mais le taux d’acceptation reste limité : moins d’un tiers des demandes débouchent sur une protection internationale. C’est le reflet d’une politique migratoire française qui balance entre ouverture historique et restrictions croissantes.

Autre particularité : la diversité des origines. Alors que l’Allemagne a accueilli massivement des Syriens, la France reçoit une population issue d’Afrique subsaharienne, du Moyen-Orient, mais aussi d’Asie centrale. Les profils varient, et le regroupement familial ainsi que les liens post-coloniaux jouent un rôle déterminant dans la composition de la population immigrée.

Pour mieux cerner cette réalité, quelques repères :

  • Plus de 6,5 millions d’immigrés vivent aujourd’hui en France, soit environ 10 % de la population totale.
  • Près de la moitié de ces personnes ont obtenu la nationalité française.

La France se débat avec les paradoxes d’un système où la pression migratoire se double de débats récurrents sur l’intégration, la solidarité et la souveraineté. Les statistiques dévoilent une situation nuancée, très loin des stéréotypes qui circulent dans l’espace public.

immigration européenne

Politiques migratoires : quelles évolutions et impacts sur l’accueil des migrants ?

Depuis dix ans, l’Union européenne fait face à une succession de chocs migratoires. Guerre en Syrie, crises politiques au Sahel, effondrement de l’Afghanistan, invasion de l’Ukraine : chaque événement bouscule les systèmes d’accueil et met au défi la solidarité européenne. Les réactions nationales, loin de converger, révèlent une Europe fracturée sur la question migratoire.

L’espace Schengen, fondé sur la libre circulation, a vacillé. Plusieurs États membres ont rétabli des contrôles frontaliers internes. La priorité : sécuriser les frontières face à l’arrivée de réfugiés et de ressortissants de pays tiers. L’exemple allemand, sous l’impulsion d’Angela Merkel en 2015, reste marquant : plus d’un million de personnes accueillies. À l’opposé, la Hongrie et la Pologne ont opté pour la fermeture. Le regroupement familial, longtemps acquis, a été restreint dans de nombreux pays.

Face à cette balkanisation, le Conseil de l’Union européenne et la Commission tentent d’harmoniser les règles, mais le consensus se dérobe. Le projet de Pacte européen sur la migration piétine, la solidarité entre États d’arrivée et États de destination restant une pomme de discorde. Les procédures d’asile sont devenues plus longues, plus techniques, multipliant recours et délais.

Parmi les changements les plus marquants, on peut citer :

  • Restriction du droit d’asile
  • Externalisation du contrôle des frontières
  • Durcissement des conditions de séjour

La Commission européenne poursuit ses efforts de réforme, mais le constat demeure : l’accueil des migrants dépend avant tout de la volonté politique des États membres, bien plus que des textes adoptés à Bruxelles. À l’heure où les frontières bougent, l’Europe se cherche une cohérence et une voix collective. Le défi, immense, façonnera la carte et le visage du continent pour les années à venir.